Compte-rendu de lecture du Corpus Hermeticum

Je tente d’alterner lecture d’ouvrages contemporains et lecture d’ouvrages anciens. Après L’alchimie de Hutin de la collection  » que-sais-je ? » du Puf, la Table d’Emeraude préfacée par Didier Kahn, Les Douze clefs de philosophie et le char triomphal de l’Antimoine de Basile , je souhaitais vous présenter le Corpus Hermeti-cum, parfois appelé les Hermetica ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Hermetica )

Voici le pdf sur lequel j’ai pu le consulter : http://frequentiels.com/…/upl…/2015/10/Corpus-Hermeticum.pdf

En voici une version livre si vous souhaitez l’acquérir pour une meilleure qualité : https://www.lesbelleslettres.com/…/2791-corpus-hermeticum-t…

Partageons tout d’abord la très bonne présentation qu’en fait le site https://www.notesdumontroyal.com/note/688

ll s’agit du «Poimandrès»* et autres traités du «Corpus hermeticum», compilation ésoté-rique née de la rencontre des idées religieuses de l’Égypte et des superstitions savantes de la Grèce (Ier-IIIesiècle ap. J.-C.). Au début de notre ère, le rationalisme grec craque de toute part. La science humaine, jugée trop restreinte et sujette à l’erreur, cède la place aux révélations qu’obtient l’art du mage, de l’alchimiste, du nécromancien. Chez l’élite intellectuelle se répand le désir des connaissances immédiates, venues par voie surna-turelle; le goût de l’invisible, de l’initiation occulte; la curiosité pour l’au-delà. Les Grecs ont de plus en plus recours à un certain nombre de «sagesses révélées», qu’ils attri-buent soit à des sages perses (Zoroastre, Ostanès, Hystaspe); soit à un dieu égyptien (Thoth-Hermès); soit à des oracles de la Chaldée («Oracles chaldaïques»). Parmi ces «sagesses révélées», celle attribuée au dieu Hermès Trismégiste («Hermès le trois fois très grand») est peut-être la plus importante — et par le grand nombre d’écrits qu’elle a laissés, et par sa postérité qui survit dans les mots «hermétisme», «hermé-tique», etc. Mais qui est donc cet Hermès? Il est à identifier avec Thoth, le dieu-scribe qui donna l’écriture aux Égyptiens, lesquels, par l’intermédiaire des Phéniciens, la transmirent ensuite à la Grèce: «Thoth», raconte Platon, «vint trouver le [pharaon], lui montra l’art [des lettres] qu’il avait inventé, et lui dit qu’il fallait en faire part à tous les Égyptiens… “Cette science, ô roi”, lui dit Thoth, “rendra les Égyp-tiens plus savants et soulagera leur mémoire; c’est un remède que j’ai trouvé contre la difficulté d’apprendre et de savoir”».

LA RENCONTRE DES IDÉES RELIGIEUSES DE L’ÉGYPTE ET DES SUPERSTITIONS SAVANTES DE LA GRÈCE

Ce dieu est l’un des plus anciens et des plus adorés de la religion égyptienne, et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les colons étrangers installés en Égypte et sans cesse tiraillés dans des sens contraires par des religions de toute sorte, se sont prévalus de lui en le transposant dans le cadre très large et très tolérant de leur polythéisme. Telle est l’origine d’Hermès Trismégiste, qui est l’Hermès grec, mais égyptianisé; ou le Thoth égyptien, mais hellénisé. «Hermès a tout connu», dit un des livres hermé-tiques****, «il vit l’ensemble des choses; et ayant vu, il comprit; et ayant com-pris, il eut puissance de révéler et de montrer. En effet, [ces] choses qu’il con-nut, il les grava [et les rendit immortelles par ces mots]: “Ô livres sacrés qui fûtes écrits par mes mains impérissables… demeurez à travers les temps de tout siècle imputrescibles et incorruptibles, sans que vous voie, ni vous découvre aucun de ceux qui devront parcourir les plaines de cette terre, jusqu’au jour où le Ciel vieilli enfantera des organismes dignes de vous”.»
«Les livres hermétiques», dit Louis Ménard, «sont les derniers monuments du pa-ganisme. Ils appartiennent à la fois à la philosophie grecque et à la religion égyptienne; et par l’exaltation mystique, ils touchent déjà au moyen âge. Ils représentent bien l’opinion commune de cette population alexandrine si mê-lée… faisant un mélange confus de dogmes hétérogènes. Entre un monde qui finit et un monde qui commence, ils ressemblent à ces êtres d’une nature indé-cise qui servent de passage entre les classes de la vie organisée: les zoophytes, sortes d’animaux-plantes; les amphibiens, demi-reptiles, demi-poissons; les ornithodelphes, qui ne sont ni des oiseaux ni des mammifères… Les livres d’Hermès Trismégiste ne peuvent soutenir la comparaison ni avec la religion d’Homère ni avec la religion chrétienne, mais ils font comprendre comment le monde a pu passer de l’une à l’autre.»
Il n’existe pas moins de six traductions françaises du «Poimandrès», mais s’il fallait n’en choisir qu’une seule, je choisirais celle d’André-Jean Festugière.

Retrouvez l’article au complet à cette adresse https://www.notesdumontroyal.com/note/688

En voici le sommaire

I.Pymandre
II Pymandre à Hermès
III. Le grand mal de l’homme est qu’il ne connaît pas Dieu
IV. Discours d’Hermès en l’honneur de Dieu
V. Extrait d’un discours d’Hermès à Tat
VI. Dialogue universel d’Hermès et d’Asclépios
VII. Discours d’Hermès à Tat sur le caractère et l’unité
VIII. Hermès à son fils Tat : Le Dieu invisible est des plus manifeste
IX. Que rien de ce qui existe véritablement ne se perd
X. Le bien ne se trouve qu’en Dieu et nulle part ailleurs
XI. De l’intellect et des sens
XII. La clé d’Hermès Trimégiste
XIII. Hermès Trimégiste à Tat : Le Noùs universel ou l’Esprit sanctifiant
XIV. Entretien secret sur la montagne traitant de la renaissance et de la promesse de silence
XV. Hermès Trimégiste à Asclepios : Du penser juste
XVI. Hermès à Ammon : De l’Âme
XVII. Hermès à Tat : de la Vérité

Ce qui a tout d’abord attiré (si ce n’est frappé) mon attention, c’est la forme effectivement hautement antique de ces textes. Ils ne sont pas sans rappeler les dialogues de Platon que nous étudions en cours de Philosophie dès le Lycée, où le maître parle au disciple en répondant à ses questions et en l’amenant par-là à la Connaissance, dans un procédé maïeutique (ou d’accouchement de l’âme). Il peut donc il y a avoir difficilement de doute sur la provenance grecque antique de ce Corpus comme certains doutes peuvent persister sur la datation de textes anciens.

Ce qui a pu ensuite également me frapper, moi qui ne sait rien et qui débute tout juste dans la découverte livresque d’une Science qui me fascine depuis fort longtemps, c’est qu’il n’est nulle part question de procédé d’alchimie opérative. C’est grâce à la lecture de ce Corpus que j’ai bien appris à faire la différence entre Alchimie et Philosophie hermétique dont la première découle. Car c’est bien un texte fondateur et ancien qui pose très précisément des notions et concepts précis (âme, Gnose, cosmogonie). Ces notions sont résolument antiques et sous-tendent toute la pensée philosophique de cette période (le Noùs, Le Bon/ le Bien qui n’est pas sans nous faire penser au « le beau le bien et le vrai », ainsi que l’Un bien socratique, le pathos etc.) . Nous découvrons ainsi, sous le prisme de la Philosophie Hermétique, des notions philosophiques chères à nos Anciens tels que Platon, Aristote, Démocrite etc.

Beaucoup de passages ont pu profondément me marquer et je vous en donne quelques-uns plus bas. Les traductions existantes rendent ce texte tout à fait accessibles aux débutants et je le recommande vive-ment en début de cheminement comme c’est le cas pour moi. Bonne lecture !

« En effet, bien qu’immortel et souverain de toutes choses, l’homme subit néanmoins la condition des mortels, car il est soumis au destin. Donc, tout en provenant d’un domaine supérieur à la force de cohésion des sphères, cette force le tient en esclavage ; et tout en étant masculin-féminin parce qu’issu d’un Père masculin-féminin, et exempt de sommeil parce qu’issu d’un être exempt de sommeil, il est néanmoins vaincu par la convoitise des sens et le sommeil. » Pymandre

« L’éternité est la force potentielle de Dieu. L’œuvre de l’éternité est le monde, qui n’a pas eu de commencement, mais est en devenir continuel sous l’action de l’éternité. C’est pourquoi rien de ce qui est dans le monde ne périra jamais, car l’éternité est incorruptible, et rien ne sera jamais anéanti parce que l’éternité enveloppe le monde entièrement. » Pymandre à Hermès

« 10. L’âme doit d’abord diriger la lutte contre elle-même, provoquer une profonde scission
et abandonner à une partie la victoire sur elle-même. Un conflit naît en effet entre une
partie et les deux autres : la première tente de s’échapper tandis que d’en bas les
deux autres tentent de l’attirer. La conséquence est lutte et grande dépense de force
entre la partie qui veut s’échapper et celles qui tentent de la retenir.
11. Que ce soit l’une qui gagne ou les deux autres, cela ne revint toutefois pas au même.
Car la première partie aspire fortement au bien tandis que les autres habitent les
domaines de perdition.
12. L’une, pleine de tristesse, désire retrouver la liberté ; les autres chérissent
l’esclavage.
13. Quand les deux sont vaincues, elles restent enfermées en elles-mêmes, inactives et
isolées, abandonnées par celle qui règne. Mais si c’est la première qui est vaincue,
elle est faite prisonnière par les deux autres, dépouillée de tout et punie par la vie
qu’elle mène ici-bas. »

« évite pourtant d’en parler et d’en discuter avec la foule ; non pas que je veuille lui
interdire tes trésors, mais parce qu’elle ne fera que rire de toi. Qui se ressemble
s’assemble ; mais qui diffère se hait. Les paroles que je t’ai dites n’attirent qu’un tout
petit nombre d’auditeurs, peut-être pas même un seul parmi ce petit nombre. Ces
paroles ont en outre cette particularité : elles excitent encore plus les méchants au
mal. C’est pourquoi il faut prendre garde à la foule, elle ne comprend ni la force
libératrice ni la splendeur de l’enseignement. » Extrait d’un discours d’Hermès à Tat

« Lorsque la Gnose illumine toute la conscience, Elle enflamme de nouveau l’Âme
entière et l’élève en la détachant du corps. Ainsi transforme-t-elle l’homme entier en
lui transmettant sa nature fondamentale. C’est que la divinisation de l’âme qui
accompagne la vision de la beauté du Bien, ne peut s’accomplir dans le corps mortel. » La clé d’Hermès Trimégiste

La figure mystérieuse d’Hermès

Retrouvez l’article sur la page facebook : ici

hermes

L’alchimie, « scientifique et philosophe, mère de toutes les sciences, aurait été révélée aux Hommes par le dieu Hermès. » (Serge Hutin, l’Alchimie, PUF). Qui est ce Dieu Hermès ? Ou plus précisément, qui sont-ils ? Car, bien qu’une relation étroite lié le Dieu Hermès Grec à Hermès Trismégiste, s’agit-il fondamentalement de la même figure ?

Essayons d’explorer cette figure emblématique de la philosophie qui lui doit son nom. Cet article ne sera que général et lacunaire, une étude beaucoup plus poussée et approfondie serait nécessaire afin d’explorer avec plus de précision l’identité exacte de cette figure emblématique. Cette page étant résolument néophyte, je me cantonnerai à des généralités qui seront malgré tout, je l’espère, éclairantes.

— Hermès grec —

Le Dieu Hermès le plus connu est le Hermès Grec : Ἑρμῆς / Hermễs en grec, Ἑρμᾶς / Hermãs en dorien). Dieu de la célèbre Olympe, son rôle principal est d’être le messager des Dieux (il s’agit déjà d’un clin d’œil, car l’Alchimie n’est-elle pas la science qui nous permet de communiquer avec le Divin, avec les causes réelles et fondamentales de l’Univers spirituel qui nous entoure ?). Ce rôle est accompli grâce à ses sandales ailées, qui le rendent léger et lui permettent de voler des Hommes aux Dieu. Il est également inventeur des poids et des mesures (intéressant pour notre science, non ?), il est le gardien des routes et carrefours et il est le dieu des voyageurs et du commerce. Sur la figure du voyageur, nous verrons plus tard qu’elle peut être assimilée à la figure de l’Ermite errant, alchimiste médiéval typique. Il correspond au Mercure des Romains. Vous avez dit Mercure ? Le mercure n’est-il pas l’un des trois principes fondamentaux en alchimie avec le soufre et le sel ? Cela n’est pas un hasard.

Wikipédia nous mentionne alors 3 Hermès dont l’un d’eux serait le fameux Hermès Trismégiste (« le trois fois grand »), patron des alchimistes et qui donna alors l’adjectif d’hermétique à cette philosophie cachée, « fermée », adjectif qu’on utilise aujourd’hui dans ce sens de « fermeture »

« La généalogie la plus classique d’Hermès à l’époque hellénistique fut élaborée au IIIe ou IIe siècle avant Jésus-Christ. Elle fait commencer la série des Hermès par Thot, qui grava sa science sur des stèles et la cacha. Son fils fut Agathodémon… Le fils d’Agathodémon est le deuxième Hermès, c’est lui que plus tard, au IIe siècle de notre ère, on appelle sou-vent Trismégiste… Et le fils du Trismégiste est Tat » (Antoine Faivre)

Pour aller plus loin sur le dieu Hermès
http://www.1oeuvre-1histoire.com/hermes.html

inventeur des poids et des mesures, gardien des routes et carrefours, des voyageurs et du commerce.

— Hermès trismégiste —

Un glissement semble s’être opéré du Dieu olympique à une figure humaine, existante, peut-être un roi, à qui on attribue des textes, comme le prouve l’ouvrage « Hermès Trismégiste, traduction complète précédée d’une étude sur l’origine des livres hermétiques » par Louis Ménard, cher Guy Trédaniel, 1977, 2016 pour la dernière édition.

Retrouvez une partie du texte ici :

http://remacle.org/bloo…/erudits/hermestrismegiste/etude.htm

achetez le livre ici :

https://www.amazon.fr/Herm%C3%A8s-Trism%C3%A9g…/…/2857070195

L’article Wikipédia est assez complet sur le sujet :

Hermès Trismégiste (en grec ancien Ἑρμῆς ὁ Τρισμέγιστος / Hermễs ho Trismégistos) est un personnage mythique de l’Antiquité gréco-égyptienne, auquel a été attribué un ensemble de textes appelés Hermetica, dont les plus connus sont le Corpus Hermeticum, recueil de traités mystico-philosophiques, et la Table d’émeraude. Les hermétistes, qui lui doivent leur nom, et les alchimistes se réclament de lui.

Le glissement d’une figure divine à un personnage mythique va s’accompagner d’une multiplica-tion : il y aura eu plusieurs Hermès.
La généalogie hellénistique la plus courante date du IIIe siècle ou IIe siècle avant notre ère : le premier Hermès est Thot, et son fils est Agathodé, dont le fils est le deuxième Hermès, et dont le fils est Tat5. C’est ce deuxième Hermès qui sera appelé Trismégiste à partir du IIe siècle de notre ère.

L’origine du surnom Trismégiste (trois fois très grand) est incertaine. Il semble qu’il dérive de la répétition deux ou trois fois du superlatif « très grand » accolé en égyptien au nom du dieu Thot. On le trouve par exemple sur des hiéroglyphes du temple d’Esna ou dans une inscription en démotique, compte rendu d’un conseil du culte d’Isis tenu près de Memphis en -172. Les premières occurrences en grec se trouvent chez Athénagoras d’Athènes (133-190) et Philon de Byblos (64-141).

Dans son De Natura Deorum (-45), Cicéron rapporte qu’il y eut cinq Mercure et que c’est le cinquième, réfugié en Égypte pour avoir tué Argus (appellation d’Argos en latin), qui est appelé Thôt.
Selon une légende accréditée par l’astrologue arabe Albumasar vers 850 dans son Introductorium majus, suivie par Robert de Chester ou Pietro d’Abano, il existe trois Her-mès. Le premier Hermès est petit-fils d’Adam, il a vécu en Égypte avant le déluge. Le deuxième Hermès a vécu après le déluge de Babylone, il connaissait la philosophie, la médecine et l’arith-métique, il fut le maître de Pythagore. Le troisième Hermès a vécu en Égypte, il pratiquait la phi-losophie naturelle et la médecine et il a inventé l’alchimie.

Petit cadeau : le corpus hermeticum d’Hermès

http://frequentiels.com/…/upl…/2015/10/Corpus-Hermeticum.pdf

Corpus-Hermeticum